Cette synthèse de données probantes a été compilée par des membres du secrétariat du GTIC et ne représente pas nécessairement l’opinion de tous les membres du GTIC.

par Mariana Bego

L’augmentation des cas de COVID-19, attribuable à la haute transmissibilité du variant delta, a incité les décideurs et les chercheurs à envisager l’administration de doses de rappel. Ils veulent ainsi réduire le nombre de cas de COVID-19 et accroître l’immunité des personnes vaccinées. Même si cette solution est tentante, elle devrait être appuyée par des données probantes et tenir compte des avantages et des risques pour chaque personne vaccinée et pour l’ensemble de la société. Des publications et des recommandations récentes sont décrites et analysées.

Les vaccins contre la COVID-19 continuent d’être efficaces pour éviter une maladie grave, y compris celle causée par le variant delta. Cependant, la possibilité d’administrer des doses supplémentaires du vaccin sous forme de troisième dose ou de dose de rappel, en fonction de la raison de cette administration, a récemment fait l’objet de discussions.

  • Une troisième dose est une dose supplémentaire administrée aux personnes ayant une immunodépression moyenne à grave qui n’ont pas réagi à deux doses d’un vaccin par la réponse immunitaire attendue. Elle peut être nécessaire 28 jours après la deuxième dose.
  • Une dose de rappel est une dose supplémentaire administrée à une personne qui a acquis une protection suffisante après la vaccination, mais dont la protection peut s’être atténuée (avoir diminué) au fil du temps, peut-être de six à huit mois après le calendrier de vaccination initial.

Les décisions relatives à l’administration de doses de vaccin supplémentaires doivent tenir compte des décisions les plus récentes et les plus fiables, de même que du risque de l’infection ou de la gravité de la maladie dans la population vaccinée par rapport aux avantages de l’administration de doses aux populations encore non vaccinées.

Principaux points de discussion

  • Une troisième dose du vaccin contre la COVID-19 pourrait être appropriée chez certaines personnes pour qui la primovaccination n’a pas conféré une protection suffisante, telles que les personnes immunodéprimées. Il faut toutefois souligner que les personnes qui n’ont pas répondu de manière vigoureuse à la primovaccination ne répondront peut-être pas mieux à trois doses, compte tenu du court intervalle entre les doses1.
  • Une dose de rappel pourrait être nécessaire dans la population générale si l’immunité à la primovaccination diminue au fil du temps (par atténuation de l’immunité) ou si les variants en circulation échappent aux réponses immunitaires aux vaccins originaux et n’offrent plus de protection suffisante1.
  • Il est démontré qu’une dose de rappel du vaccin Comirnaty de Pfizer–BioNTech administrée environ huit mois après la posologie initiale à deux doses administrées à 21 jours d’intervalle est à la fois sécuritaire et efficace2.
  • Cette posologie s’est également révélée efficace dans une étude réalisée en Israël. Dans ce pays, une dose de rappel du vaccin Comirnaty administrée au moins cinq mois après les deux premières doses a procuré une protection importante contre la COVID-19 et la forme grave de la maladie aux personnes de 60 ans et plus par rapport aux personnes qui n’avaient reçu que deux doses de ce vaccin3.
  • Enfin, une seule dose de rappel du « cocktail vaccinal à ARNm » de Moderna (un vaccin expressément conçu contre de multiples variants) s’est révélée sécuritaire et efficace selon le rapport préliminaire d’une étude en cours4.

Il a été avancé qu’une dose de rappel expressément conçue pour lutter contre les variants en circulation pourrait représenter la meilleure solution plutôt que l’administration d’une dose de rappel de l’un des vaccins originaux, conçus contre la souche originale du SRAS-CoV-2. Cette stratégie serait semblable à celle des vaccins antigrippaux et accroîtrait l’efficacité éventuelle de la dose de rappel malgré l’évolution du virus4.

Dans plusieurs provinces, une troisième dose de vaccin a déjà été offerte aux personnes immunodéprimées et à certains Canadiens en soins de longue durée. Une récente étude, réalisée par la Dre Deepali Kumar et ses collaborateurs du Réseau universitaire de santé de Toronto, a démontré qu’une troisième dose de vaccin accroissait les taux d’anticorps de manière sécuritaire et très efficace chez les receveurs d’organes. Le Comité consultatif national de l’immunisation (CCNI) a récemment recommandé d’administrer des troisièmes doses aux personnes présentant une immunodépression modérée à grave. Par ailleurs, le comité examine les données disponibles sur les avantages des doses de rappel à la population générale et devrait publier des conseils à cet égard sous peu.

 

Références

1- Krause PR, Fleming TR, Peto R, Longini IM, Figueroa JP, Sterne JAC, Cravioto A, Rees H, Higgins JPT, Boutron I, Pan H, Gruber MF, Arora N, Kazi F, Gaspar R, Swaminathan S, Ryan MJ, Henao-Restrepo AM. Considerations in boosting COVID-19 vaccine immune responses. Lancet. Le 13 septembre 2021. doi : 10.1016/S0140-6736(21)02046-8

2- Falsey AR, Frenck RW Jr, Walsh EE, Kitchin N, Absalon J, Gurtman A, Lockhart S, Bailey R, Swanson KA, Xu X, Koury K, Kalina W, Cooper D, Zou J, Xie X, Xia H, Türeci Ö, Lagkadinou E, Tompkins KR, Shi PY, Jansen KU, Şahin U, Dormitzer PR, Gruber WC. SARS-CoV-2 Neutralization with BNT162b2 Vaccine Dose 3. N Engl J Med. Le 15 septembre 2021. doi : 10.1056/NEJMc2113468

3- Bar-On YM, Goldberg Y, Mandel M, Bodenheimer O, Freedman L, Kalkstein N, Mizrahi B, Alroy-Preis S, Ash N, Milo R, Huppert A. Protection of BNT162b2 Vaccine Booster against Covid-19 in Israel. N Engl J Med. Le 15 septembre 2021. doi : 10.1056/NEJMoa2114255

4- Choi A, Koch M, Wu K, Chu L, Ma L, Hill A, Nunna N, Huang W, Oestreicher J, Colpitts T, Bennett H, Legault H, Paila Y, Nestorova B, Ding B, Montefiori D, Pajon R, Miller JM, Leav B, Carfi A, McPhee R, Edwards DK. Safety and immunogenicity of SARS-CoV-2 variant mRNA vaccine boosters in healthy adults: an interim analysis. Nat Med. Le 15 septembre 2021. doi : 10.1038/s41591-021-01527-y