SeroTracker, un groupe de recherche canadien, a publié dans la revue PLOS One la plus vaste étude sur la propagation mondiale de SRAS-CoV-2 réalisée jusqu’à présent. L’étude, qui portait sur les données des enquêtes sur les anticorps menées auprès de 9,3 millions de personnes provenant de 74 pays et publiées entre janvier et décembre 2020, a révélé que le nombre de personnes qui ont contracté l’infection par le SRAS-COV-2, bien qu’il varie considérablement selon les régions du monde, est demeuré plutôt faible dans la population générale.
« Malheureusement, les résultats démontrent que cette pandémie mondiale n’est pas terminée, affirme le Pr Niklas Bobrovitz, coauteur principal et associé de recherche au département de soins intensifs de l’Université de Calgary. Malgré les difficultés pour surveiller le SRAS-CoV-2 et en limiter la propagation jusqu’à maintenant, de nombreuses personnes sont probablement encore susceptibles à l’infection, ce qui signifie que de futurs spicules pourraient encore se manifester. Nous devons continuer de respecter les mesures sanitaires, nous assurer d’une distribution équitable des vaccins et accroître la confiance envers la vaccination. »
« L’an dernier, en moyenne, les études réalisées autour du monde ont fait état d’une séroprévalence d’environ 4,5 %, c’est-à-dire que seulement 4,5 % des gens possédaient des anticorps contre le SRAS-COV-2, indiquant qu’ils avaient été infectés par le passé. Les tests de détection des anticorps peuvent saisir des infections ratées par les tests diagnostiques et ainsi donner un portrait plus clair de la propagation de la pandémie, explique le Pr Rahul Arora, coauteur principal et chargé de cours adjoint au département des sciences de la santé communautaire de l’Université de Calgary. Ainsi, les études de séroprévalence permettent d’estimer le nombre de personnes qui possèdent une certaine forme d’immunité contre le SRAS-CoV-2, le virus responsable de la COVID-19, même si on ne connaît pas encore la durée de cette immunité. »
La compilation des données de ces enquêtes mondiales fournit un aperçu des variations au suivi de la pandémie effectué par les divers gouvernements à partir des tests diagnostiques. « En comparant les taux d’infection établis d’après les tests diagnostiques, indicateurs des infections aiguës, aux données sur les anticorps, indicatrices des infections antérieures, on remarque d’importantes différences. Dans certaines régions du monde, on a recensé six fois plus d’infections au moyen des résultats des tests sur les anticorps que des tests diagnostiques. Autrement dit, le dénombrement officiel des cas n’a pas réussi à saisir une propagation substantielle de l’infection, probablement à cause de la lente mise en place des tests diagnostiques dans certaines régions ou d’un accès inéquitable à ces tests », explique le Dr Matthew Cheng, professeur adjoint à l’Université McGill, conseiller scientifique du GTIC et coauteur principal de l’article.
L’étude fait également ressortir des inégalités majeures pour ce qui est de la réponse à la pandémie et de ses conséquences. « Même si la prévalence des anticorps est faible dans la population générale, on constate des différences importantes quand on stratifie le fardeau de l’infection pour tenir compte de la démographie. Les taux d’infection étaient plus élevés dans les populations noires, asiatiques et autochtones, ce qui démontre la nécessité de prioriser les populations les plus durement touchées, grâce à la vaccination et à des efforts dans les milieux professionnels et communautaires, explique le Pr Arora. De plus, seulement 23 % des études ont été réalisées dans des pays à faible et moyen revenu. La communauté mondiale doit se regrouper pour renforcer la préparation à la pandémie et l’accessibilité pour la recherche et les outils de santé publique. »
« Cette étude est une mesure de référence essentielle du fardeau mondial de l’infection avant la vaccination et fait ressortir toute l’importance d’un accès équitable aux vaccins pour contrôler la pandémie de COVID-19 dans le monde », résume le Dr Tim Evans, directeur général du Groupe de travail sur l’immunité face à la COVID-19 (GTIC) et l’un des coauteurs de l’étude.
Tandis que la pandémie se poursuit, le groupe a l’intention de continuer d’exploiter les données sur les anticorps pour éclairer la réponse sanitaire. Au-delà de l’analyse systématique, la base de données et le tableau de bord de SeroTracker continuent d’évoluer. De nouveaux résultats sont téléchargés toutes les semaines dans le site Web. L’Organisation mondiale de la Santé, la Fondation Gates, McKinsey, Forbes et le New York Times, entre autres, ont utilisé les données du tableau de bord pour nourrir leur travail.
« SeroTracker a créé une méthode pour effectuer la synthèse rapide des données concrètes qui ont inspiré les recherches, les investissements et l’élaboration de politiques relativement à de nombreux aspects de la réponse à la pandémie, comme le calcul des décès causés par l’infection et la détermination des centres optimaux d’essais sur les vaccins, conclut le Pr Arora. Notre vision à long terme consiste à utiliser les données pour assurer des réponses rapides, efficaces et équitables aux pandémies. Nous évaluons l’adaptabilité de notre plateforme de données en ce sens. »
À propos de SeroTracker
SeroTracker est un tableau de bord et une plateforme de données pour favoriser les études sur les tests d’anticorps contre la COVID-19, aussi appelées enquêtes de sérosurveillance. La plateforme découle de la collaboration mondiale de plus de vingt chercheurs, ingénieurs et médecins de six universités du Canada, du Royaume-Uni et des États-Unis. SeroTracker est financé par le gouvernement du Canada par l’entremise de son Groupe de travail sur l’immunité face à la COVID-19, de même que par l’Organisation mondiale de la Santé et l’Association médicale canadienne. Consultez le tableau de bord interactif à https://serotracker.com/fr/Explore.
À propos du Groupe de travail sur l’immunité face à la COVID-19
Le gouvernement du Canada a créé le Groupe de travail sur l’immunité face à la COVID-19 (GTIC) à la fin d’avril 2020. Le GTIC est supervisé par un groupe de direction composé de chercheurs et d’experts canadiens de premier plan provenant d’universités et d’établissements de soins de santé de tout le Canada, qui tentent de comprendre la nature de l’immunité associée au nouveau coronavirus responsable de la COVID-19. À cette fin, le GTIC finance de nombreuses études visant à déterminer l’étendue de l’infection par le SRAS-CoV-2 au Canada (dans la population générale, des communautés particulières et des populations prioritaires), à comprendre la nature de l’immunité après l’infection, à améliorer les méthodes de détection des anticorps et à contribuer à la surveillance, l’efficacité et l’innocuité des vaccins au fur et à mesure de leur déploiement au Canada. Le GTIC et son secrétariat travaillent en étroite collaboration avec toute une série de partenaires, notamment les gouvernements, les autorités sanitaires, les établissements, les organisations de santé, les équipes de recherche et les autres groupes de travail, et il mobilise les collectivités et les parties prenantes. Plus récemment, il a été invité à jouer un rôle majeur dans le soutien de la surveillance, de l’efficacité et de l’innocuité des vaccins. Son objectif principal consiste à produire des données et des idées qui éclaireront des interventions pour ralentir la propagation du SRAS-CoV-2 au Canada, et ce, jusqu’à l’éradiquer. Pour en savoir plus, consulter le site www.covid19immunitytaskforce.ca/fr.
Lire la publication: Global seroprevalence of SARS-CoV-2 antibodies: A systematic review and meta-analysis (plos.org)
RENSEIGNEMENTS
Groupe de travail sur l’immunité face à la COVID-19
media@covid19immunitytaskforce.ca
Rebecca Burns, +1.438.871.8763