Par Varun Anipindi
Dans une étude antérieure, Wang et coll. ont démontré que la gravité de la COVID-19 était inversement proportionnelle aux réponses immunitaires induites par les lymphocytes T1. Notamment, le rétablissement de la COVID-19 était lié à la fois à l’immunité cellulaire liée aux lymphocytes T CD4 et CD8 et au taux d’anticorps neutralisants. Ainsi, les lymphocytes T pourraient jouer un rôle essentiel dans la guérison de la COVID-19. De plus, selon des données obtenues auprès de patients infectés par le SRAS-CoV-1, les réponses immunitaires conférées par les anticorps sont de courte durée (un an), mais celles des lymphocytes T mémoires CD8 et CD4 peuvent persister plus de six à 11 ans, ce qui laisse croire à leur rôle décisif dans la médiation de l’immunité à long terme contre les coronavirus.
Dans cette nouvelle étude2 publiée dans la revue Nature Communications, les auteurs souhaitaient approfondir la nature des réponses des lymphocytes T mémoires au SRAS-CoV-2 en les étudiant au sein d’une cohorte de patients rétablis de la COVID-19, de personnes qui avaient été en contact étroit avec eux et de sujets témoins non exposés et en bonne santé. Les auteurs ont confirmé que la majorité des personnes rétablies de la COVID-19 avaient acquis à la fois une mémoire CD4 (94 %) et CD8 (83 %) contre le SRAS-CoV-2. Étonnamment, aucun des proches de ce groupe de patients ne manifestait de séropositivité au SRAS-CoV-2, mais plus de la moitié (54 %) ont acquis une réponse cellulaire CD4 et quelques-uns (15 %), une réponse cellulaire CD8 contre ce coronavirus.
Cette observation a incité les auteurs à explorer la possibilité d’une réactivité croisée antérieure à d’autres coronavirus. Pour ce faire, ils ont testé les échantillons de donneurs en bonne santé prélevés avant septembre 2019 et ont déterminé que seulement 3 % d’entre eux environ possédaient déjà une réponse des lymphocytes T mémoires CD4 et CD8 à réactivité croisée. Ils ont ainsi pu établir que les réponses observées chez les contacts étroits étaient spécifiques au SRAS-CoV-2. Les auteurs ont avancé que les réponses des lymphocytes T CD8 plus faibles dans ce groupe pouvaient être liées à une charge d’antigènes viraux insuffisante, ce qui suppose qu’une infection productive pourrait être nécessaire pour établir une forte réponse aux lymphocytes T CD8 cytotoxiques. De plus, ils ont confirmé que les réponses cellulaires étaient observables à la fois chez les patients symptomatiques et, dans une moindre mesure, les patients asymptomatiques. Enfin, ils ont établi que les réponses des lymphocytes CD4 étaient corrélées avec les titres IgG contre le domaine de liaison aux récepteurs (RBD) et les protéines N du coronavirus.
Dans l’ensemble, cette étude s’ajoute à la complexité des relations humorales et cellulaires contre la COVID-19. Il est à souligner qu’il s’agit de l’une des premières études à démontrer la possibilité de déceler les réponses cellulaires spécifiques au SRAS CoV-2 à la fois chez des patients atteints de la COVID-19 éprouvant ou non des symptômes cliniques et chez leurs contacts étroits. Puisque les efforts sanitaires sont actuellement tournés vers la surveillance de la réponse des anticorps conférée par la protection vaccinale, cette étude fait ressortir l’importance d’adopter une approche plus globale et de surveiller également l’immunité cellulaire pour comprendre la véritable longévité des réponses immunitaires contre le SRAS-CoV-2.
- Wang Z, Yang X, Zhou Y, Sun J, Liu X, Zhang J, Mei X, Zhong J, Zhao J, Ran P. COVID-19 Severity Correlates with Weaker T-Cell Immunity, Hypercytokinemia, and Lung Epithelium Injury. Am J Respir Crit Care Med. Le 15 août 2020;202(4):606-10. doi: 10.1164/rccm.202005-1701LE. PMID : 32608999; PMCID : PMC7427397.
- Wang Z, Yang X, Zhong J, Zhou Y, Tang Z, Zhou H, He J, Mei X, Tang Y, Lin B, Chen Z, McCluskey J, Yang J, Corbett AJ, Ran P. Exposure to SARS-CoV-2 generates T-cell memory in the absence of a detectable viral infection. Nat Commun. Le 19 mars 2021;12(1):1724. doi: 10.1038/s41467-021-22036-z. PMID : 33741972.