Par Mariana Bego
Selon les auteurs d’une récente étude de modélisation publiée dans Nature Medicine, les taux d’anticorps neutralisants (qui s’opposent à l’infection) dans le sang sont hautement prédictifs de la puissance de la protection immunitaire. L’équipe s’est servie d’un modèle pour comparer l’efficacité de huit vaccins et étudier l’atténuation des anticorps. Ils anticipent qu’une dose de rappel sera nécessaire environ un an après la seconde dose d’un régime à deux doses.
Faits saillants
- De forts taux d’anticorps neutralisants du SRAS-CoV-2 (obtenus par une infection antérieure ou par la vaccination) sont un fort indicateur de la protection contre la COVID-19.
- Les vaccins à ARNm, y compris les vaccins de Pfizer-BioNTech et de Moderna, de même que le vaccin sous-unitaire à base de protéines de Novarax, semblent assurer la meilleure protection parmi les huit vaccins à l’étude, tandis que le CoronaVac semble le moins protecteur des huit.
- Les effets des anticorps s’atténuent au fil du temps, et des doses de rappel pourraient être nécessaires un an après la seconde dose d’une posologie à deux doses.
On a besoin de modèles qui peuvent prédire la protection immunitaire contre la COVID-19 pour orienter la réponse à la pandémie mondiale, y compris le déploiement des vaccins. Dans une récente étude publiée dans Nature Medicine, le Pr Khoury et ses collègues ont créé un modèle de la relation entre les taux d’anticorps neutralisants Anticorps qui se lient aux structures de surface d’un agent pathogène, l’empêchant ainsi de pénétrer dans les cellules hôtes pour les infecter. du SRAS-CoV-2 et la protection contre la COVID-19. Ils y ont colligé les données de personnes qui s’étaient rétablies d’une infection naturelle par le SRAS-CoV-2 et de participants à des études sur les huit vaccins (Moderna, Pfizer, Oxford-AstraZeneca, Covaxin, Johnson & Johnson, Spoutnik V, Novarax et CoronaVac).
Les auteurs ont constaté un lien robuste entre le nombre d’anticorps présents au début des études cliniques sur les vaccins et les résultats de l’efficacité vaccinale aux dernières phases de l’étude. Autrement dit, les personnes qui possédaient un taux élevé d’anticorps au départ étaient moins susceptibles de contracter la COVID-19 pendant les études sur les vaccins.
Les vaccins qui produisaient les réponses les plus puissantes des anticorps neutralisants étaient les vaccins à base d’ARNm fabriqués par Moderna et Pfizer, de même que le vaccin sous-unitaire à base de protéines de Novarax. Tous trois conféraient également la meilleure protection contre l’infection par le SRAS-CoV-2.
Les personnes qui s’étaient rétablies de la COVID-19 ou qui avaient reçu le vaccin Covaxin de l’Inde ou le vaccin Spoutnik V de la Russie présentaient des taux intermédiaires d’anticorps neutralisants et une protection intermédiaire. Des réponses plus faibles, mais tout de même protectrices, étaient conférées par les vaccins de CoronaVac, de Johnson & Johnson et d’AstraZeneca.
Le modèle de l’équipe a permis de faire plusieurs autres prédictions intéressantes :
- Plusieurs variants à surveillance rehaussée échapperaient plus facilement à la protection.
- Les taux d’anticorps s’atténueraient probablement au fil du temps, ce qui accroîtrait l’exposition de la population à l’infection par le SRAS-CoV-2 un certain temps après une première infection ou après la vaccination.
- Malgré l’atténuation des anticorps, les personnes infectées ou vaccinées par le passé ne courraient pas un risque élevé de COVID-19 grave.
Selon les auteurs, des doses de rappel pourraient être nécessaires un an après la vaccination initiale.
Khoury DS, Cromer D, Reynaldi A, Schlub TE, Wheatley AK, Juno JA, Subbarao K, Kent SJ, Triccas JA, Davenport MP. Neutralizing antibody levels are highly predictive of immune protection from symptomatic SARS-CoV-2 infection. Nature Med. Le 17 mai 2021. doi : 10.1038/s41591-021-01377-8.