Les résultats préliminaires d’une étude en cours à Montréal mettent en lumière la proportion d’enfants âgés de 2 à 17 ans ayant contracté la COVID-19 entre octobre 2020 et avril 2021. En moyenne, 5,8 % des enfants participants ont présenté des anticorps au SRAS-CoV-2, le virus responsable de la COVID-19. Toutefois, la séroprévalence (proportion d’enfants ayant des anticorps dans leur sang) a fortement augmenté au fil du temps. En octobre et novembre 2020, seulement 3,3 % des enfants présentaient des anticorps. En avril 2021, lors de la troisième vague, 8,9 % des étudiants testés avaient des anticorps. Les résultats de cette étude sont préliminaires et n’ont pas encore été examinés par des pairs.
L’étude, qui a été annoncée en octobre 2020 et porte le nom EnCORE, a recueilli des échantillons par piqûre au doigt (taches de sang séché) auprès de 1 632 enfants et adolescents fréquentant des écoles et des garderies dans quatre quartiers de Montréal : l’Ouest-de-l’Île, le Plateau Mont-Royal, Montréal-Nord et Mercier-Hochelaga Maisonneuve (HOMA).
« Nos résultats préliminaires montrent que les infections chez les enfants et les adolescents ont augmenté plus rapidement au cours de la période située entre février et avril 2021 », explique la responsable du projet, la Dre Kate Zinszer, professeure adjointe à l’École de santé publique de l’Université de Montréal et chercheuse au Centre de recherche en santé publique. « Les résultats suggèrent également que la séroprévalence est plus élevée dans les quartiers ayant un indice socio-économique plus faible et un pourcentage plus élevé de résidents racisés. Cela dit, nos résultats pourraient aussi simplement refléter le recrutement plus tardif cet hiver et ce printemps dans les régions de Hochelaga-Maisonneuve (HOMA) et de Montréal-Nord, ce qui correspond à une transmission accrue par des variants pendant notre troisième vague. »
Selon les estimations de séroprévalence par quartier, 4,8 % des enfants et des adolescents de l’Ouest de l’île présentaient des anticorps au SRAS-CoV-2, 5,4 % dans le Plateau, 6,2 % dans HOMA et 7,3 % dans Montréal-Nord. Les échantillons de sang ont été prélevés sur 354 enfants en garderie, 725 enfants d’écoles primaires et 553 étudiants d’écoles secondaires. En ce qui concerne la répartition géographique, 33 % des enfants provenaient du Plateau-Mont-Royal, 31 % de l’Ouest-de-l’Île, 22 % de HOMA et 15 % de Montréal-Nord.
« Il est intéressant de noter que, parmi les 95 enfants dont le test sérologique a révélé la présence d’anticorps, 82 % avaient déjà reçu un résultat négatif au test de dépistage du SRAS-CoV-2 ou n’avaient jamais été testés pour le virus. Cela signifie que la plupart des infections des enfants participants seraient passées inaperçues sans cette étude », ajoute la Dre Zinszer.
La partie questionnaire de l’étude donne également un aperçu de la confiance à l’égard du vaccin et des répercussions de la pandémie sur la santé mentale des enfants, des adolescents et de leurs parents.
« La plupart des parents interrogés, c’est-à-dire 86 %, ont affirmé qu’il était probable qu’ils fassent vacciner leur enfant contre la COVID-19, mais le pourcentage est plus faible parmi les minorités visibles », déclare la Dre Zinszer. Environ un tiers (33 %) des parents appartenant à des minorités visibles ont indiqué qu’ils seraient réticents à faire vacciner leurs enfants. »
En ce qui concerne le comportement et la santé émotionnelle, les questionnaires remplis par les parents indiquent que 33 % des enfants ont eu des difficultés avec les émotions, la concentration, le comportement ou les relations avec d’autres personnes. De plus, 55 % des enfants ont été moins actifs physiquement, 54 % ont passé plus de temps sur des écrans à des fins non éducatives, 81 % ont passé moins de temps en personne avec leurs amis et 54 % avaient moins de contacts sociaux. Il est intéressant de noter que 14 % des parents ont déclaré que leur enfant avait plus de contacts sociaux pendant la pandémie qu’avant l’arrivée de la COVID.
« Ces résultats préliminaires correspondent aux preuves de plus en plus nombreuses indiquant que la COVID-19 affecte davantage les quartiers pauvres et les communautés racisées », déclare le Dr Jim Kellner, membre du groupe de direction du GTIC, consultant en maladies infectieuses pédiatriques et responsable du réseau pédiatrique du GTIC. « Cela signifie que les efforts visant à protéger ces communautés à l’aide d’une surveillance de la santé publique, de lieux de travail plus sûrs et d’une distribution adaptée des vaccins doivent être intensifiés de toute urgence. De plus, la vaccination des adolescents est la bonne chose à faire, maintenant que nous avons des vaccins approuvés par Santé Canada pour les 12 ans et plus. Même si la séroprévalence a récemment atteint 8,9 % dans certains quartiers, l’immunité collective est loin d’être acquise. Nous devons inclure les enfants plus jeunes dans les stratégies de vaccination afin de leur offrir une protection sûre et efficace contre cette maladie très grave. »
Le recrutement se poursuit
L’étude de recherche EnCORE entame sa deuxième phase et invite tous les parents et tuteurs légaux ayant des enfants scolarisés dans les écoles et les garderies sélectionnées à faire participer leurs enfants. La participation englobe un formulaire de consentement, un questionnaire en ligne et un test de piqûre au doigt à domicile. Les chercheurs aviseront les parents si leur enfant a des anticorps contre le SRAS-CoV-2, bien que cela ne garantisse pas encore l’immunité contre le virus responsable de la COVID-19. La vaccination est recommandée dans tous les cas pour les personnes qui ont des anticorps contre le SRAS-CoV-2. Pour participer à l’étude ou savoir si l’école ou la garderie de votre enfant y participe, veuillez consulter le site Web d’EnCORE : etudencore.ca.
Au sujet du Groupe de travail sur l’immunité face à la COVID-19
Le gouvernement du Canada a créé le Groupe de travail sur l’immunité de COVID-19 à la fin avril 2020. Le Groupe de travail est supervisé par un groupe de direction composé de bénévoles qui comprend des scientifiques canadiens de premier plan et des experts provenant d’universités et d’établissements de soins de santé de partout au Canada, qui tentent de comprendre la nature de l’immunité associée au nouveau coronavirus responsable de la COVID-19. À cette fin, le GTIC finance de nombreuses études visant à déterminer l’étendue de l’infection par le CoV-2 du SRAS au Canada (dans la population générale ainsi que dans des communautés spécifiques et des populations prioritaires), à comprendre la nature de l’immunité après l’infection, à mettre au point des méthodes améliorées de test des anticorps et à aider à surveiller l’efficacité et l’innocuité des vaccins au fur et à mesure de leur déploiement dans tout le Canada. Le groupe de travail et son secrétariat travaillent donc en étroite collaboration avec toute une série de partenaires, notamment les gouvernements, les organismes de santé publique, les institutions, les organisations sanitaires, les équipes de recherche, les autres groupes de travail, et mobilise les collectivités et les parties prenantes. Plus récemment, le groupe a été invité à jouer un rôle majeur dans le soutien à la surveillance de l’efficacité et de la sécurité des vaccins. Notre objectif principal est de générer des données et des idées qui serviront de base aux interventions visant à ralentir et, à terme, à arrêter la propagation du SRAS-CoV-2 au Canada. Pour de plus amples informations, veuillez consulter le site : www.covid19immunitytaskforce.ca/fr/
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