Une enquête de sérosurveillance indique que les infections par le SRAS-CoV-2 se développent beaucoup plus rapidement dans les quartiers pauvres et parmi les populations racisées.

Les résultats de la dernière étude de séroprévalence menée par la Société canadienne du sang et le Groupe de travail sur l’immunité face à la COVID-19 (GTIC) dans neuf provinces confirment que la pandémie touche de plus en plus les quartiers défavorisés et les populations racisées.

Les inégalités liées aux risques de contracter la COVID-19 ont été identifiées dès le début de la pandémie et ont fait l’objet du rapport annuel de l’administratrice en chef de la santé publique en octobre 2020. Cependant, ces inégalités non seulement persistent, mais elles semblent s’accentuer.

« La concentration affligeante des infections dans les quartiers défavorisés et parmi les communautés racisées est devenue plus évidente durant la troisième vague actuelle, marquée par les variants, et les données de séroprévalence de janvier 2021 la laissaient présager », affirme le Dr Tim Evans, directeur administratif du GTIC. « Les mesures actuelles déployées pour protéger ces communautés par la surveillance de la santé publique, la sécurisation des lieux de travail et la distribution ciblée et adaptée de vaccins doivent être intensifiés de toute urgence. »

 

Risques d’infection accrus dans les quartiers plus défavorisés

En mai-juin 2020, les donneurs vivant dans les quartiers les plus défavorisés sur le plan matériel (selon l’indice de défavorisation matérielle, basé sur les codes postaux) étaient 1,2 fois plus susceptibles d’obtenir un résultat positif au test de dépistage des anticorps du SRAS-CoV-2, le virus responsable de la COVID-19, que ceux vivant dans des quartiers aisés. Ces inégalités entre les quartiers les plus et les moins défavorisés se sont accentuées à partir de janvier 2021. Les habitants des quartiers à faible revenu courraient 3,45 fois plus de risques d’être infectés par le SRAS-CoV-2 au début de cette année.

Cela reflète l’inégalité croissante du risque d’infection au fil du temps entre les quartiers les plus et les moins défavorisés. Dans les quartiers plus aisés, le risque de contracter le SRAS-CoV-2 a augmenté de 77 % entre mai-juin 2020 et janvier 2021. Dans les quartiers plus défavorisés, ce risque a augmenté de plus de 400 %.

 

Inégalités raciales croissantes en matière d’infection

En mai-juin 2020, les donneurs de sang racisés (Noirs, Autochtones et personnes de couleur) de neuf provinces étaient environ 1,6 fois plus susceptibles d’avoir des anticorps contre le SRAS-CoV-2, ce qui indique une infection antérieure, que les donneurs s’identifiant comme blancs. En janvier 2021, ils étaient deux fois plus susceptibles de présenter des anticorps. Cela suggère qu’au cours de cette période, le risque d’infection dans les groupes racisés a augmenté plus rapidement que dans les populations blanches.

 

La séroprévalence globale au Canada demeure très faible

La séroprévalence globale au Canada (le pourcentage de personnes présentant des anticorps au SRAS-CoV-2, suggérant une infection antérieure), telle que mesurée chez les donneurs de sang, demeure très faible dans les neuf provinces. Bien que les chiffres présentés dans ce rapport soient sans doute une sous-estimation du véritable taux de séroprévalence au Canada étant donné que la plupart des donneurs de sang sont en bonne santé, la réalité est qu’une très grande majorité de Canadiens peuvent toujours être infectés, ce qui montre clairement l’importance d’une vaccination rapide et accélérée.

 

Les donneurs de sang comme mesure de la séroprévalence

Le rapport se fonde sur l’analyse de 34 921 échantillons de sang prélevés en janvier dans des centres de donneurs de sang du Canada (à l’exclusion du Québec et des territoires).

Les enquêtes sérologiques utilisant les échantillons des donneurs de sang ont été importantes dans cette pandémie.

« La Société canadienne du sang est fière de contribuer à informer les décideurs alors qu’ils avancent dans les prochaines phases de cette pandémie », déclare le Dr Graham Sher, chef de la direction de la Société canadienne du sang. « Nous sommes particulièrement bien placés pour effectuer ce travail de séroprévalence grâce à notre infrastructure existante, à notre accès rapide aux échantillons de sang, à notre expérience et à notre expertise. »

« Nos enquêtes sérologiques offrent des renseignements importants sur les effets de la pandémie au Canada », affirme la Dre Sheila O’Brien, chercheuse principale de l’étude et directrice associée du service d’épidémiologie et de surveillance de la Société canadienne du sang. « Mais il faut reconnaître que les enquêtes sérologiques basées sur des donneurs de sang ont leurs limites. Les donneurs de sang choisissent eux-mêmes de donner du sang et les critères de sélection des dons garantissent que les donneurs de sang sont en bonne santé, donc il faut faire preuve de prudence en extrapolant les résultats à tous les Canadiens adultes en bonne santé. »

D’autres facteurs incluent le fait que, dans certaines régions, l’accès à une clinique de don ou le temps nécessaire pour donner du sang peuvent être limités. Il y a également moins de donneurs de sang jeunes ou âgés par rapport à la population générale.

Ces lacunes expliquent pourquoi le GTIC finance actuellement 54 autres études, dont plusieurs effectuent des recherches de sérosurveillance auprès d’un vaste éventail de populations générales et prioritaires au Canada.

 

En savoir plus sur le rapport

Le rapport complet de la SCS se trouve sur le site Web du GTIC ici. La Société canadienne du sang s’apprête à utiliser un nouveau test pour analyser les échantillons de sang qui lui permettra de détecter un plus grand nombre de cas positifs et de distinguer l’immunité naturelle de l’immunité acquise par la vaccination.