Abe KT, Hu Q, Mozafarihashjin M, Samson B, Rathod B, Chao G, Wang JH, Iskilova M, Pasculescu A, Fazel-Zarandi M, Li A, Paterson A, Green K, Gilbert L, Barati S, Haq N, Takaoka A, Takaoka JG, De Launay KQ, Fahim C, Sheikh-Mohamed S, Arita Y, Durocher Y, Marcusson EG, Gommerman JL, Ostrowski M, Colwill K, Straus SE, Wood H, McGeer AJ, Gingras AC. Neutralizing antibody responses to SARS-CoV-2 variants in vaccinated Ontario long-term care home residents and workers. medRxiv. Le 8 août 2021. doi : www.medrxiv.org/content/10.1101/2021.08.06.21261721v1
Les résultats et/ou conclusions contenus dans cette recherche ne reflètent pas nécessairement les opinions de tous les membres du GTIC.
Selon une nouvelle étude, les résidents et le personnel d’établissements de soins de longue durée qui ont reçu le vaccin de Moderna ont produit une réponse plus forte des anticorps totaux et des anticorps neutralisants que ceux qui ont reçu le vaccin de Pfizer-BioNTech. Les observations de la prépublication, qui n’a pas encore été révisée par un comité de lecture, démontrent également la différence de capacité des deux vaccins à ARNm à neutraliser les variants préoccupants. Notamment, environ 38 % des résidents qui avaient reçu le vaccin de Pfizer n’étaient pas en mesure de neutraliser le variant préoccupant bêta. Cette étude financée par le GTIC est dirigée par la Pre Anne-Claude Gingras, la Dre Allison McGeer, la Dre Sharon Straus, la Pre Jennifer Gommerman et le Dr Mario Ostrowski, entre autres, en collaboration avec la Pre Heidi Wood et son équipe du Laboratoire national de microbiologie du Canada.
Faits saillants
- Chez les résidents et le personnel, le vaccin de Moderna produisait une réponse plus forte des anticorps totaux et des anticorps neutralisants que le vaccin de Pfizer-BioNTech.
- Chez les résidents et le personnel, les deux vaccins à ARNm neutralisaient moins bien les variants préoccupants alpha, bêta et gamma que la souche originale du SRAS-CoV-2.
- Chez les résidents qui avaient reçu le vaccin de Pfizer, 37,9 % n’étaient pas en mesure de neutraliser le variant bêta, et 29,3 %, le variant gamma. En comparaison, 11,5 % et 4,9 % de ceux qui avaient reçu le vaccin de Moderna ne pouvaient pas neutraliser les variants bêta et gamma, respectivement.
En Ontario, les résidents et le personnel des établissements de soins de longue durée (SLD) se sont fait administrer l’un des deux vaccins à ARNm approuvés par Santé Canada, conformément à l’intervalle recommandé par le fabricant entre les doses, soit 28 jours après le vaccin de Moderna et 21 jours après celui de Pfizer. Dans cette étude, 198 résidents et 78 membres du personnel des quatre établissements de SLD du centre-sud de l’Ontario ont été invités à fournir des échantillons de sang, que ce soit par gouttes de sang séché Une GSS, ou trousse de sang séché, est un moyen simple de prélever un échantillon de sang. Un participant se pique le doigt et dépose plusieurs gouttes de sang sur une carte qui est ensuite expédiée à un laboratoire en vue de son analyse sérologique. (GSS) ou par prélèvement sanguin habituel (ponction veineuse), et ce, à trois moments différents : 1) avant la vaccination, 2) de trois à quatre semaines après la première dose et 3) de deux à quatre semaines après la seconde dose.
Fait encourageant, l’étude révèle que l’immunisation par l’un des deux vaccins à ARNm induit une réponse détectable des anticorps totaux de deux à quatre semaines après la seconde dose chez les membres du personnel et les résidents des établissements de SLD. Cependant, les résidents possédaient des taux plus bas d’anticorps que les membres du personnel. Tant les résidents que le personnel qui avaient reçu le vaccin de Moderna présentaient toutefois une réponse des anticorps totaux plus forte que ceux qui avaient reçu le vaccin de Pfizer.
Une fois analysés pour établir la capacité de neutraliser les variants préoccupants alpha, bêta et gamma, les prélèvements des résidents et du personnel ont démontré une diminution de la capacité à neutraliser les variants préoccupants par rapport à la souche originale du SRAS-CoV-2 en provenance de Wuhan, en Chine (contre laquelle les vaccins originaux ont été conçus). De plus, chez plusieurs résidents qui avaient reçu le vaccin de Pfizer, on n’observait aucune activité de neutralisation contre certains variants préoccupants, notamment les variants bêta et gamma. En fait, dans cette cohorte, 37,9 % des résidents qui avaient reçu le vaccin de Pfizer n’étaient pas en mesure de neutraliser le variant bêta, par rapport à 11,5 % de ceux qui faisaient parie de la cohorte de Moderna. En outre, 29,3 % des résidents qui avaient reçu le vaccin de Pfizer ne pouvaient pas neutraliser le variant gamma, un pourcentage beaucoup plus élevé que les 4,9 % des résidents de la cohorte de Moderna.
D’autres études ont relevé des différences semblables dans les réponses des anticorps des produits vaccinaux à ARNm, mais les auteurs soulignent qu’on ne comprend pas encore le mécanisme fonctionnel de ces observations. Cependant, ils remarquent les concentrations différentes d’ARNm dans chaque produit : le vaccin de Moderna contient 100 microgrammes d’ARNm, et celui de Pfizer, 30 microgrammes. Par ailleurs, l’étude porte sur la réponse des anticorps, qui ne représente qu’un aspect de la réponse immunitaire. Il est aussi établi que le deuxième aspect de la réponse immunitaire, l’immunité à médiation cellulaire, est activé par les vaccins contre la COVID-19 et contribue à la lutte contre l’infection.
Selon les observations de cette prépublication, il est essentiel de maintenir une surveillance étroite et continue des réponses des anticorps et d’autres corrélats immunitaires après la vaccination chez les personnes âgées, notamment à la lumière des variants préoccupants en émergence et de l’éventualité d’administrer une troisième dose (une dose de rappel) dans cette population prioritaire.
Le GTIC finance plusieurs études de surveillance sur les vaccins dans des établissements de SLD du Canada. Il est possible d’accéder à d’autre information au sujet de ces études ici.