Cette synthèse des preuves a été compilée par les membres du secrétariat du GTIC avec la contribution d’experts affiliés au GTIC et ne reflète pas nécessairement l’opinion de tous les membres du GTIC

Par Mercedes Yanes Lane

En raison des pénuries de vaccin, les chercheurs envisagent des modifications aux calendriers de vaccination recommandés afin de vacciner un plus grand nombre de gens plus rapidement. Dans cette étude britannique, les chercheurs ont modélisé divers scénarios de vaccination, y compris divers schémas posologiques, la force immunitaire produite et la probabilité d’évasion des variants. Les chercheurs ont établi qu’une seule dose d’un vaccin contre la COVID-19 qui déclenche une forte réponse immunitaire, suivie d’une deuxième dose tardive, représente une démarche épidémiologique efficace. Cependant, si l’immunité vaccinale de la première dose est faible, les résultats risquent de laisser à désirer.

 

Dans cette étude, des chercheurs du Royaume-Uni ont évalué les effets de divers modèles de vaccination contre la COVID-19 et les conséquences des mutations virales dans un modèle immuno-épidémiologique de la dynamique du SRAS-CoV-2.

Ce modèle contribue à mieux comprendre les effets de diverses posologies vaccinales sur le fardeau des cas. Les auteurs ont découvert qu’une stratégie à une dose (ou une période interdose plus longue) peut réduire considérablement le « premier » pic épidémique de cas après l’instauration du vaccin. Cependant, si la réponse immunitaire du vaccin est faible, les vaccinés demeurent partiellement susceptibles, ce qui peut accélérer le deuxième pic. Ce phénomène peut être atténué si on s’assure d’administrer la deuxième dose, même si elle est tardive. Il est important de souligner que les avantages de la stratégie unidose sont réduits lorsque le taux de vaccination reste bas (de 0,1 % à 1 % par semaine), car le nombre d’habitants immunisés est trop faible pour prévenir la transmission virale.

En raison de l’émergence croissante de variants inquiétants, il devient de plus en plus important d’examiner les effets de la vaccination sur les mutations virales qui peuvent échapper à l’immunité vaccinale. Selon ce modèle, lorsque des conditions externes favorisent la survie des variants (par ce qu’on appelle la pression sélective), une stratégie unidose pourrait s’associer à un taux plus marqué de variants qui échappent à l’immunité vaccinale. Compte tenu de ces inquiétudes, une stratégie à deux doses est considérée comme plus efficace malgré une période plus longue entre les doses, puisqu’il est également nécessaire de vacciner la plus grande partie de la population possible. Les auteurs de cette étude soulignent l’urgence et l’importance du déploiement mondial et rapide de la vaccination, car aucune stratégie ne sera efficace si les variants qui échappent à l’immunité se propagent rapidement.

Dans leur article, les auteurs explorent les limites importantes des modèles présentés. La principale limite provient des nombreux facteurs qui contribuent à la propagation virale et à la formation de variants inquiétants. Ces modèles ne constituent qu’une indication générale des divers scénarios possibles. Dans les régions où l’infection par le SRAS-CoV-2 est à la hausse, une unidose peut contribuer à réduire l’incidence et la prévalence à court terme. Si une dose procure un effet immunologique important, le report de la deuxième dose peut également être bénéfique. Cependant, si l’immunité vaccinale est faible et que le taux d’anticorps baisse rapidement après une dose, on court un risque de mutations virales et d’augmentation des infections à long terme. Une deuxième dose de vaccin pourrait réduire ce risque. Les auteurs soulignent l’importance de concevoir des études cliniques pour évaluer la force et la durée de l’immunité des divers modèles vaccinaux pour mieux éclairer les politiques publiques.

Saad-Roy CM, Morris SE, Metcalf CJE, Mina MJ, Baker RE, Farrar J, Holmes EC, Pybus OG, Graham AL, Levin SA, Grenfell BT, Wagner CE. Epidemiological and evolutionary considerations of SARS-CoV-2 vaccine dosing regimes. Science. Le 9 mars 2021. DOI: 10.1126/science.abg8663