Ce texte, rédigé par des membres du secrétariat du GTIC, résume les cinq présentations données lors de la séance simultanée intitulée Recherche accélérée dans les établissements de soins de longue durée, dans le cadre de la réunion scientifique du GTIC qui s’est déroulée à Vancouver du 8 au 10 mars 2023.

Les résultats ou les conclusions contenus dans l’étude ne reflètent pas nécessairement les points de vue de tous les membres du GTIC.

L’étude des réponses immunitaires aux infections et aux vaccins chez les Canadiens plus âgés a contribué à établir le moment approprié pour administrer les doses de rappel à cette population vulnérable, particulièrement en soins de longue durée (SLD). Elle a également démontré l’utilité de la surveillance des eaux usées comme système de détection rapide des éclosions dans les établissements de soins de longue durée (ÉSLD). Dans cet article, des membres du secrétariat du GTIC résument les cinq présentations données lors de la séance simultanée intitulée Recherche accélérée dans les établissements de soins de longue durée, dans le cadre de la réunion scientifique du GTIC qui s’est déroulée à Vancouver du 8 au 10 mars 2023.

  1. Présentatrice : PreZabrina Brumme, et chercheur principal du GTIC : DrMarc Romney – Impact of age and SARS-CoV-2 breakthrough infection on humoral immune responses after three doses of COVID-19 mRNA vaccine

La cohorte à l’étude a été créée en décembre 2020, tout juste comme les premiers Britanno-Colombiens ont commencé à recevoir leur premier vaccin contre la COVID-19. Elle était composée de deux groupes : 89 jeunes adultes (travailleurs de la santé) d’un âge médian de 41 ans, dont 73 % étaient de sexe féminin, et 62 adultes âgés (y compris des résidents en SLD) d’un âge médian de 79 ans, dont 69 % étaient de sexe féminin. Tous les participants à l’étude ont reçu trois doses de vaccin.

  • Il fallait au moins trois doses de vaccin à ARNm contre la COVID-19 pour que les taux d’anticorps chez les adultes âgés équivaillent à ceux des adultes plus jeunes.
  • Le taux d’affaiblissement des anticorps était comparable chez les adultes âgés et plus jeunes. Six mois après la troisième dose, les taux d’anticorps avaient généralement diminué sous les taux initialement conférés par deux doses de vaccin.
  • Six mois après la troisième dose de vaccin, les chercheurs ont également observé que :
  • les taux d’anticorps chez les personnes infectées par le SRAS-CoV-2 étaient plus élevés que ceux conférés par trois doses de vaccin seulement;
  • la neutralisation des variants Omicron chez les personnes infectées par le SRAS-CoV-2 était plus élevée que chez celles qui avaient reçu trois doses de vaccin seulement.
  • la capacité de neutraliser le variant BA.1 Omicron a chuté à un taux non perceptible chez 56 % des jeunes adultes et 96 % des adultes âgés.
  • la capacité de neutraliser le variant BA.5 Omicron après l’administration de trois doses de vaccin suivies d’une infection postvaccinale était encore plus faible que la capacité de neutraliser le variant BA.1, à la fois chez les jeunes adultes et les adultes âgés.

Dans l’ensemble, la réponse des anticorps et la réponse de neutralisation envers les vaccins à ARNm de première génération contre la COVID-19 – et même les réponses découlant de l’infection par le SRAS-CoV-2 – n’assuraient pas une aussi bonne neutralisation du variant BA.5 Omicron que des variants antérieurs, ce qui a favorisé le déploiement des vaccins bivalents.

  1. Présentatrice et chercheuse principale du GTIC : DreSharon Straus – Implementation of a co-created strategy to characterize COVID-19 exposure and optimize wellness in congregate care settings for older adults: The Wellness Hub

Le Wellness Hub (carrefour du bien-être) a privilégié une approche d’application des connaissances pour évaluer la prévalence d’infections par le SRAS-CoV-2 et déterminer les facteurs de risque qui y étaient associés dans les ÉSLD et les maisons de retraite. Les chercheurs ont procédé à cette analyse rétrospective d’une étude observationnelle à l’aide des données de surveillance des cas de COVID-19 confirmés en laboratoire (du 23 janvier au 13 décembre 2020, avant le déploiement des vaccins contre la COVID-19).

  • Les quartiers les plus touchés (qui forment 20 % de la population) représentaient 53,9 % des cas en communauté, 48,6 % des cas du personnel en SLD et 42,3 % des cas d’autres travailleurs de la santé.
  • Les cas touchant le personnel en milieu d’hébergement étaient associés à des quartiers à faible densité, à une densité familiale élevée et à une forte proportion de personnes travaillant dans d’autres services essentiels.
  • Une quatrième dose de vaccin à ARNm entraînait une augmentation marquée des titres PRNT50, utilisés pour mesurer les anticorps neutralisants, contre le variant Omicron chez les résidents en SLD.

Dans l’ensemble, le Wellness Hub a constaté que diverses disciplines de recherche peuvent favoriser des approches personnalisées pour lier l’immunité aux interventions, atténuer le risque d’infection et promouvoir le bien-être dans des contextes à haut risque.

  1. Présentatrice et chercheuse principale du GTIC : DreXiaoli (Lilly) Pang, et chercheur principal du GTIC : DrChris Sikora – Targeted wastewater-based surveillance for COVID-19 outbreaks in the long-term care facilities in Edmonton, Canada

La surveillance du SRAS-CoV-2 dans les eaux usées d’établissements particuliers a commencé le 6 janvier et s’est poursuivie jusqu’au printemps 2023. Douze établissements de soins de longue durée d’Edmonton ont participé à cette étude qui concentrait les prélèvements d’eaux usées en vue de leur analyse.

  • Le pourcentage d’échantillons positifs est passé de 14,2 % entre janvier 2021 et août 2022, à 34,6 % entre décembre 2021 et août 2022, ce qui coïncide avec l’émergence du variant Omicron.
  • Les résultats des prélèvements d’eaux usées étaient hautement corrélés avec le nombre de cas cliniques de COVID-19.
  • Dans l’ensemble, les chercheurs ont observé que la surveillance du SRAS-CoV-2 dans les eaux usées est :
    • sensible (en mesure de déceler ne serait-ce qu’un cas dans tout l’établissement);
    • exhaustive (dépiste à la fois les cas asymptomatiques, présymptomatiques et symptomatiques);
    • non invasive et peu dérangeante;
    • peu exigeante sur le plan de la maintenance (un seul prélèvement permet le dépistage de tout l’établissement);
    • utile pour surveiller les éclosions.
  1. Présentatrice et chercheuse principale du GTIC : DreLisa Barrett – Long-term care resident SARS-CoV-2 vaccine response is modified by previous infection and CMV coinfection

Les participants à l’étude ont été recrutés dans quatre ÉSLD de la Nouvelle-Écosse. Les résidents en SLD « ayant une faible pénétrance de COVID » (n=356) ont fourni des prélèvements entre la deuxième (en janvier 2021, avant le déploiement des vaccins) et la sixième vague (en août 2022, trois mois après la quatrième dose).

Dans cette cohorte de résidents en SLD « ayant une faible pénétrance de COVID », 239 étaient vivants trois mois après leur quatrième dose de vaccin. De ce nombre, 105 ont obtenu un résultat positif au dépistage de la COVID-19 et 134 ont continué de présenter un résultat négatif.

  • Les résidents en SLD possédant une immunité hybride présentaient des réponses à médiation cellulaire accrues aux vaccins, car les lymphocytes B et T propres aux spicules avaient tous deux augmenté.
  • Les réponses des lymphocytes T conférées par la vaccination n’étaient pas modifiées par une infection à CMV.
  • Les réponses des lymphocytes T conférées par la vaccination chez les résidents en SLD qui n’avaient jamais contracté la COVID-19 étaient plus élevées chez les personnes ayant un résultat positif au CMV.

Dans l’ensemble, les vaccins ont réussi à éviter les résultats cliniques d’une COVID-19 grave, y compris les décès, au sein de cette population fragile et vulnérable.

  1. Présentatrice et cochercheuse du GTIC : Dre Allison McGeer – Antibody responses to vaccine and protection from COVID-19 in residents of long-term care homes

Cette étude a permis de comparer les taux d’anticorps contre le SRAS-CoV-2 après la vaccination chez les résidents et le personnel d’ÉSLD. Les chercheurs ont prélevé des échantillons de gouttes de sang séché chez 200 résidents d’ÉSLD avant l’administration de leur première dose de vaccin (avant février 2021) jusqu’à 14 jours après les doses de rappel bivalentes (jusqu’après octobre 2022). Les résidents avaient un âge médian de 88 ans, et 69 % étaient de sexe féminin.

  • Deux doses du vaccin de Moderna étaient 3,6 fois plus efficaces pour neutraliser le SRAS-CoV-2 que deux doses du vaccin de Pfizer chez les résidents en SLD.
  • La séroconversion (la formation de protéines anti-S) après deux doses de vaccin était 6,9 fois plus élevée au sein du personnel que chez les résidents en SLD. Les adultes âgés fragiles avaient besoin de plus de doses de vaccin pour obtenir des taux d’anticorps semblables à ceux des jeunes adultes.
  • La corrélation entre les titres d’anticorps et la protection contre l’infection semble dépendre des variants en cause. Au moins quatre doses de vaccin devaient être administrées aux adultes âgés pour qu’ils soient protégés contre le variant Omicron et ses sous-variants.