Par Mercedes Yanes Lane
Des chercheurs brésiliens ont pris des mesures répétées des anticorps contre le SARS-CoV-2 chez des donneurs de sang et ont découvert qu’en Amazonie, près de la moitié des donneurs y étaient positifs (1). Les auteurs de cette étude ont observé une baisse régulière des anticorps au fil du temps, même si le nombre de cas continue d’augmenter. Ils ont attribué cette baisse au déclin naturel de l’immunité, et au moyen de formules mathématiques, ont établi la possibilité qu’en octobre 2020, jusqu’à 76 % des habitants de Manaus, la capitale de l’État d’Amazonas, aient déjà été infectés. Ce dossier d’infection élevé dépasse le nombre requis pour atteindre le seuil théorique d’immunité collective de 67 %.
Le terme « immunité collective » désigne la résistance à la propagation d’une maladie contagieuse au sein d’une population, observée lorsqu’une proportion assez élevée d’habitants est immunisée contre la maladie, que ce soit par la vaccination ou par une infection naturelle préalable.
Néanmoins, une augmentation abrupte du nombre d’hospitalisations causées par la COVID-19 a soulevé de vives inquiétudes dans la région au début de 2021 (2). Quatre explications non exclusives peuvent expliquer cette résurgence de la COVID-19 dans la région. D’abord, les taux d’infection ont peut-être été surestimés, c’est-à-dire que l’immunité collective n’aurait jamais été atteinte en 2020. Ensuite, la protection immunitaire après une infection naturelle est peut-être courte, car la plupart des infections par le SARS- CoV-2 contractées dans la région pendant la première vague l’ont été de sept à huit mois avant la résurgence de janvier 2021. En troisième lieu, de nouveaux variants du SARS-CoV-2 en circulation peuvent échapper à l’immunité protectrice acquise lors d’une infection antérieure. Enfin, les nouveaux variants du SARS-CoV-2 en circulation peuvent être plus contagieux que leurs prédécesseurs, ce qui accroîtrait le seuil théorique d’immunité collective. Le variant P.1, découvert pour la première fois à Manaus, partage plusieurs mutations acquises de manière indépendante avec les variants qui circulent au Royaume-Uni et en Afrique du Sud, dont la transmissibilité semble plus élevée. Il serait important de déterminer l’efficacité des vaccins contre la COVID-19 sur le marché à l’égard des variants de la lignée P.1, susceptibles d’échapper à la protection immunitaire naturelle, pour évaluer s’il est nécessaire de prévoir de nouvelles interventions.
En revanche, des rapports en provenance d’Israël révèlent que la vaccination contre la COVID-19 contribue à réduire le nombre de cas et d’hospitalisations. Les vaccins, conjointement avec d’autres mesures sanitaires comme le confinement, contribuent à réduire la propagation de la maladie dans un pays où près de 90 % des personnes de 60 ans et plus ont reçu la première dose du vaccin Pfizer-BioNTech (3). Les données du ministère de la Santé, qui englobent près d’un quart de million de personnes vaccinées de 16 ans et plus, démontrent que 13 jours après la vaccination, le nombre de cas avait chuté de 51,4 % par rapport aux 12 jours précédents3. Selon ces observations, le vaccin est efficace pour prévenir l’infection dans tous les groupes d’âge, le recul des cas variant entre 44,5 % chez les personnes de plus de 60 ans, et 50,2 % chez celles de moins de 60 ans (4). Cependant, le chercheurs soulignent l’importance de la vaccination généralisée pour mesurer la réduction de la transmission avec efficacité. Afin de limiter la transmission, les vaccins contre la COVID-19 doivent réduire l’excrétion virale. Des chercheurs de My Heritage Lab, le plus grand établissement de dépistage de la COVID-19 en Israël, ont confirmé que la vaccination réduisait de manière significative la quantité de virus SARS-CoV-2 des personnes infectées (5). D’après l’ensemble de ces résultats, la vaccination protège non seulement la personne vaccinée, mais pourrait également réduire sensiblement la transmission.