Un sondage mené à l’échelle nationale révèle qu’au début de la campagne de vaccination contre la COVID-19, la plupart des Canadiens comptaient se faire vacciner, mais que la proportion de personnes prêtes à recevoir un vaccin était moindre dans certains groupes démographiques, notamment les résidents de l’Alberta, du Manitoba et de la Saskatchewan, les personnes n’ayant pas de diplôme universitaire et les Canadiens racisés.
Publiés en ligne dans la revue The Lancet Regional Health – Americas, les résultats du sondage mené par des chercheurs de l’Hôpital St. Michael de Unity Health Toronto et soutenu en partie par le Groupe de travail sur l’immunité face à la COVID-19 (GTIC) serviront aux décideurs et aux professionnels de la santé, qui sont engagés dans une course contre la montre pour contrer l’hésitation à la vaccination au Canada et freiner la quatrième vague.
Au début de la campagne de vaccination du Canada, des chercheurs ont demandé à plus de 14 500 Canadiens et Canadiennes formant un échantillon représentatif de la population s’ils avaient l’intention de se faire vacciner lorsqu’un vaccin leur serait offert. Les chercheurs ont catégorisé les participants selon l’âge, le niveau de scolarité, l’ethnicité et la province de résidence.
Principales conclusions
- Sur l’ensemble des répondants, 9 % ont dit ne pas avoir l’intention de se faire vacciner. L’hésitation était la plus élevée en Alberta (16 %), ainsi qu’au Manitoba et en Saskatchewan (14 %). Dans les autres provinces, moins de 10 % des répondants ont dit ne pas avoir l’intention de se faire vacciner.
- Parmi les personnes ayant reçu une éducation de niveau collégial ou inférieur, 14 % des répondants ne comptaient pas se faire vacciner, comparativement à 5 % des répondants ayant reçu une éducation de niveau universitaire ou supérieur.
- Le pourcentage de répondants s’identifiant comme des personnes autochtones ou non caucasiennes qui ont dit ne pas avoir l’intention de se faire vacciner était plus élevé que le pourcentage de personnes qui ne s’identifient pas à ces groupes.
- De façon globale, les hommes étaient plus nombreux à hésiter que les femmes.
« Étant donné que le fardeau causé par la COVID-19 est plus lourd pour les personnes autochtones et les autres groupes racisés du Canada, nous avons été surpris de constater qu’ils ne soient pas plus portés que d’autres groupes à vouloir être vaccinés », déclare le Dr Prabhat Jha, chercheur principal de l’étude et directeur du Centre de recherche en santé mondiale de l’Hôpital St. Michael de Unity Health Toronto. « Cela signifie que nous avons du travail à faire pour mieux renseigner les gens et peut-être améliorer l’accès. »
Autres constatations :
- C’est chez les participants âgés de 40 à 59 ans que l’intention de se faire vacciner était la plus faible. En effet, 12 % d’entre eux ont déclaré ne pas prévoir de se faire vacciner, comparativement à 7 % des personnes de 60 à 69 ans.
- Onze pour cent (11 %) des hommes n’avaient pas l’intention de se faire vacciner, contre 8 % des femmes.
- Douze pour cent (12 %) des répondants s’identifiant comme des personnes racisées et 15 % de ceux s’identifiant précisément comme des Autochtones n’avaient pas l’intention de se faire vacciner, tandis que chez les personnes ne s’identifiant à aucun de ces deux groupes, 9 % des répondants ont déclaré la même chose.
- Parmi les personnes faisant partie d’un ménage de cinq personnes ou plus, 16 % des répondants ne comptaient pas se faire vacciner, comparativement à 8 % des répondants faisant partie d’un ménage de deux personnes.
Toutefois, les chercheurs ignorent toujours si ces intentions se sont concrétisées. Les gens se sont-ils finalement fait vacciner ou non? L’équipe de l’étude Ab-C (Action pour battre le coronavirus), qui effectue des sondages de façon périodique depuis le début de la pandémie de COVID-19 au Canada, pourra répondre à cette question d’ici quelques mois.
Le sondage récemment publié, qui fait partie de l’étude Ab-C, a été réalisé entre décembre 2020 et février 2021, ce qui correspond au début de la campagne de vaccination du Canada. L’étude Ab-C est menée en collaboration par le Centre de recherche en santé mondiale de l’Hôpital St. Michael de Unity Health Toronto, l’Université de Toronto et le Forum Angus Reid.
« Ce sondage audacieux exigeait une participation très active des répondants. Les résultats finaux correspondaient étroitement aux taux de vaccination au Canada en fonction de variables concernant la démographie et l’état de santé », mentionne Angus Reid, Ph. D., président de l’Institut Angus Reid.
En date du 27 août 2021, 18 % des Canadiens admissibles n’avaient toujours pas reçu une dose d’un vaccin contre la COVID-19 – un pourcentage deux fois plus élevé que celui auquel l’équipe de recherche s’attendait à la lumière des intentions déclarées. Selon les chercheurs, les résultats de l’étude devraient inciter les décideurs à cibler les groupes les plus réticents avec les campagnes de vaccination, mais aussi les personnes qui avaient l’intention de se faire vacciner et qui n’ont pas joint le geste à la parole.
« Nous tentons de vacciner autant de Canadiens que possible pendant cette quatrième vague et en sachant quels groupes sont plus hésitants à l’égard de la vaccination, il sera plus facile de savoir où diriger les efforts », affirme la Dre Catherine Hankins, coprésidente du GTIC. « Plusieurs autres études nous ont permis de constater que les personnes appartenant à des groupes racisés sont moins susceptibles de se faire vacciner. Cette étude confirme que la santé publique, les leaders communautaires et les professionnels de la santé doivent non seulement améliorer l’accès aux vaccins pour ces groupes, mais aussi élaborer des communications qui rejoignent les gens afin d’apaiser leurs préoccupations relatives à la vaccination contre la COVID-19. »
Cette étude a également été financée grâce à une subvention sans restrictions de Pfizer Global Medical Grants et Unity Health Toronto.
Pour lire le manuscrit (en anglais) : COVID-19 vaccination intention during early vaccine rollout in Canada: a nationwide online survey – ScienceDirect
À propos de l’Hôpital St. Michael
L’Hôpital St. Michael fournit des soins compatissants à tous ceux qui franchissent ses portes. L’Hôpital offre également une formation médicale exceptionnelle à de futurs professionnels de la santé dans plus de 27 disciplines universitaires. Les soins intensifs et la traumatologie, les maladies cardiaques, la neurochirurgie, le diabète, les soins aux personnes atteintes de cancer, les soins aux personnes en situation d’itinérance et la santé mondiale font partie des domaines d’expertise reconnus de l’hôpital. Grâce au Keenan Research Centre et au Li Ka Shing International Healthcare Education Centre, qui constituent le Li Ka Shing Knowledge Institute, la recherche et l’éducation à l’Hôpital St. Michael sont reconnues et ont une incidence dans le monde entier. Fondé en 1892, l’hôpital est entièrement affilié à l’Université de Toronto.
À propos de Unity Health Toronto
Unity Health Toronto, qui regroupe Providence Healthcare, St. Joseph’s Health Centre et l’Hôpital St. Michael, travaille à l’amélioration de la santé de tous dans nos communautés urbaines et au-delà. Notre réseau de santé dessert les patients, les résidents et les clients dans toute la gamme des soins, allant des soins primaires, des soins communautaires secondaires, des services de soins tertiaires et quaternaires aux soins en phase postaiguë en passant par la réadaptation, les soins palliatifs et les soins de longue durée, tout en investissant dans la recherche et l’éducation de calibre international. Pour plus de renseignements, consultez le site www.unityhealth.to.
Au sujet du Groupe de travail sur l’immunité face à la COVID-19
Le gouvernement du Canada a créé à la fin avril 2020 le Groupe de travail sur l’immunité face à la COVID-19 (GTIC). Le GTIC est supervisé par une équipe de direction bénévole composée d’experts et de scientifiques canadiens de premier plan provenant d’universités et d’hôpitaux de tout le pays qui cherchent à comprendre la nature de l’immunité découlant du nouveau coronavirus responsable de la COVID-19. À cette fin, le Groupe de travail sur l’immunité face à la COVID-19 soutient de nombreuses études visant à déterminer l’ampleur de la propagation de l’infection au SRAS-CoV-2 au Canada (dans la population générale, dans certaines communautés et dans des populations prioritaires), comprendre en quoi consiste l’immunité qui suit l’infection, améliorer les méthodes de dépistage des anticorps et contribuer à surveiller l’efficacité et l’innocuité des vaccins qui sont distribués au Canada. Le Groupe de travail et son secrétariat collaborent étroitement avec un ensemble de partenaires, dont des gouvernements, des organismes de santé publique, des institutions, des organisations de santé, des équipes de recherche et d’autres groupes de travail, en plus de mobiliser des communautés et des intervenants. Plus récemment, le groupe a été invité à jouer un rôle majeur dans le soutien à la surveillance de l’efficacité et de la sécurité des vaccins. Notre objectif principal est de générer des données et des idées qui serviront de base aux interventions visant à ralentir et, à terme, à arrêter la propagation du SRAS-CoV-2 au Canada.
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