Une nouvelle étude a été lancée pour découvrir pourquoi Montréal-Nord a été l’un des quartiers les plus fortement touchés au Canada pendant la pandémie de COVID-19. Les résultats de cette étude devraient faire la lumière sur les raisons pour lesquelles le risque de propagation du SRAS‑CoV‑2, le virus responsable de la COVID-19, est plus élevé dans certains quartiers que d’autres. Le gouvernement du Canada, par l’intermédiaire de son Groupe de travail sur l’immunité face à la COVID-19 (GTIC), finance ce projet de recherche à hauteur de 767 000 $.
D’après Santé Montréal, l’arrondissement Montréal-Nord, dont la population est d’environ 85 000 habitants, est celui où le taux de cas de COVID-19 par habitant est le plus élevé depuis le début de la pandémie – presque le double du taux de cas de la ville entière. Montréal-Nord figure parmi les arrondissements les plus diversifiés et densément peuplés de Montréal. De plus, beaucoup d’habitants de ce quartier travaillent dans les services de santé essentiels, l’un des domaines où le risque de contracter une infection au SRAS-CoV-2 est le plus élevé.
« Nous voulons estimer le nombre réel de personnes qui ont été infectées par le SRAS-CoV-2 à Montréal-Nord à partir de tests d’anticorps et étudier les facteurs de risque spécifiques à cette population durement touchée », explique la chercheuse principale de l’étude, Simona Bignami, professeure agrégée au Département de démographie de l’Université de Montréal. « Nous allons également étudier la couverture vaccinale dans la communauté, afin de mieux comprendre la situation et d’améliorer les campagnes de vaccination dans ce quartier. » En effet, ce secteur présente un taux de vaccination inférieur à la moyenne comparativement aux autres arrondissements montréalais et au Québec entier.
Le projet de recherche, baptisé RISC (Risk and Immunity : Situation of COVID-19 in Montreal North – « Risque et immunité : situation de la COVID-19 à Montréal-Nord »), est mené en collaboration par les chercheurs principaux Jack Jedwab, Ph. D., de l’Association d’études canadiennes, et la Pre Simona Bignami de l’Université de Montréal, en partenariat avec le CIUSSS du Nord-de-l’Île-de-Montréal et d’autres acteurs communautaires de Montréal-Nord.
« En comparant les données que nous recueillerons auprès des habitants de Montréal-Nord avec celles obtenues dans d’autres quartiers montréalais, nous tenterons de comprendre comment certaines caractéristiques de la communauté, combinées à des caractéristiques et comportements individuels, pourraient avoir fait augmenter le risque de contracter la COVID-19 dans cet arrondissement de telle sorte qu’il se trouve parmi ceux présentant les plus hauts taux de cas au Canada », explique la Pre Bignami.
« Même si nous savons que les inégalités sociales sont à l’origine du nombre élevé d’infections au SRAS-CoV-2 au sein des populations de certains quartiers, ce projet est essentiel pour comprendre et démontrer les conséquences dévastatrices de la COVID-19 », affirme Marjorie Villefranche, directrice générale de la Maison d’Haïti.
L’équipe de chercheurs veut recruter 8 000 participants pour l’étude : 4 000 personnes à Montréal-Nord et 4 000 dans d’autres secteurs de la ville. Pendant une année, les chercheurs effectueront des sondages auprès des ménages en demandant aux personnes de 18 ans ou plus de répondre à deux reprises à des questionnaires en ligne. Les participants pourront fournir un échantillon de sang par piqûre au doigt s’ils le désirent afin de déterminer s’ils sont porteurs d’anticorps contre la COVID-19, ce qui indiquerait qu’ils ont déjà été infectés ou vaccinés. En étudiant les anticorps en fonction de différentes composantes du virus, les chercheurs pourront estimer dans quelles proportions les habitants de Montréal-Nord ont été infectés par le SRAS-CoV-2, et ce, même s’ils n’ont eu que de légers symptômes ou aucun symptôme. Les chercheurs pourront alors comparer ces résultats avec ceux des personnes qui ont développé une immunité à la suite de la vaccination. Ce projet a été approuvé par le comité d’éthique de la recherche de l’Université de Montréal.
« Le projet de recherche RISC permettra de mieux comprendre les facteurs de risque associés à l’infection au SRAS-CoV-2 », affirme Grégoire Autin, chercheur de l’organisme Paroles d’Exclues. « C’est une étude importante pour Montréal-Nord, qui a subi très durement la pandémie. Ses résultats contribueront à mieux orienter les interventions des services publics et communautaires pour soutenir la communauté dans sa lutte contre la pandémie. »
« Nous espérons que cette étude fournira des données importantes qui aideront les décideurs et les dirigeants communautaires à établir des stratégies de prévention efficaces dans les quartiers à risque plus élevé et qui contribueront aux efforts futurs pour freiner la maladie », déclare la Dre Catherine Hankins, coprésidente du GTIC. « Il est important que l’ensemble des collectivités du Canada soient en mesure de se protéger. Les projets de recherche comme celui-ci, axés sur les communautés, sont nécessaires pour les populations prioritaires qui composent avec des défis particuliers. »
Les habitants de Montréal-Nord et d’autres quartiers de la ville qui désirent participer à l’étude sont invités à s’inscrire en ligne.
Au sujet du Groupe de travail sur l’immunité face à la COVID-19
Le gouvernement du Canada a créé à la fin avril 2020 le Groupe de travail sur l’immunité face à la COVID-19 (GTIC). Le GTIC est supervisé par une équipe de direction bénévole composée d’experts et de scientifiques canadiens de premier plan provenant d’universités et d’établissements de soins de santé de tout le pays qui cherchent à comprendre la nature de l’immunité découlant du nouveau coronavirus responsable de la COVID-19. À cette fin, le GTIC finance de nombreuses études visant à déterminer l’étendue de l’infection par le CoV-2 du SRAS au Canada (dans la population générale ainsi que dans des communautés spécifiques et des populations prioritaires), à comprendre la nature de l’immunité après l’infection, à mettre au point des méthodes améliorées de test des anticorps et à aider à surveiller l’efficacité et l’innocuité des vaccins au fur et à mesure de leur déploiement dans tout le Canada. Le groupe de travail et son secrétariat travaillent donc en étroite collaboration avec toute une série de partenaires, notamment les gouvernements, les organismes de santé publique, les institutions, les organisations sanitaires, les équipes de recherche, les autres groupes de travail, et mobilisent les collectivités et les parties prenantes. Plus récemment, le groupe a été invité à jouer un rôle majeur dans le soutien à la surveillance de l’efficacité et de la sécurité des vaccins. Notre objectif principal est de générer des données et des idées qui serviront de base aux interventions visant à ralentir et, à terme, à arrêter la propagation du SRAS-CoV-2 au Canada. Pour de plus amples renseignements, veuillez consulter le site : www.covid19immunitytaskforce.ca/fr/
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