Par Mercedes Yanes Lane
Comme dans bien des études cliniques, les femmes enceintes et allaitantes ont été exclues des premières études sur le vaccin contre la COVID-19. Même si cette mesure est prise pour des raisons de sécurité, elle est responsable de lacunes quand vient le temps d’orienter les décisions sur le plan de la vaccination. Dans cette étude de l’American Journal of Obstetrics and Gynecology, la Dre Kathryn Gray et ses collègues de l’École de médecine de Harvard et du Brigham and Women’s Hospital de Boston explorent les réponses immunitaires des femmes enceintes ou allaitantes après la vaccination contre la COVID-19. Grâce à un modèle d’étude par observation, les auteurs ont découvert que les femmes enceintes ou allaitantes éprouvent les mêmes effets secondaires que les autres.
Ces chercheurs de Boston ont suivi des femmes enceintes, des femmes allaitantes et des femmes non enceintes après l’administration du vaccin à ARNm contre la COVID-19 (de Pfizer-BioNTech ou de Moderna/NIH). Ils ont prélevé du sang chez les femmes, de même que dans des échantillons du cordon ombilical lorsque c’était possible. Ils ont également recueilli du lait des femmes allaitantes à plusieurs reprises après la vaccination. Ils ont mesuré les taux d’anticorps dans tous les échantillons pour déterminer si le vaccin produisait une réponse immunitaire appropriée et si les anticorps de la mère étaient transférés au nourrisson.
Au total, 131 femmes ont participé à cette étude : 84 femmes enceintes, 31 femmes allaitantes et 16 femmes non enceintes en âge de procréer. Le sang du cordon ombilical a été prélevé chez dix des femmes enceintes vaccinées qui ont accouché pendant l’étude. Un nombre comparable de femmes a reçu le vaccin de Pfizer-BioNTech et celui de Moderna/NIH.
Les effets secondaires déclarés, qui demeuraient légers, incluaient la fatigue, les douleurs musculaires, les éruptions, les céphalées et la fièvre. Après la seconde dose du vaccin, les chercheurs n’ont pas mesuré de différence entre les effets secondaires déclarés par les femmes enceintes et non enceintes. La formation des anticorps n’était pas différente entre les femmes vaccinées à divers trimestres de leur grossesse, et tous les types d’anticorps avaient considérablement augmenté après la première dose. Les IgG (un anticorps de longue durée) augmentaient de nouveau après la seconde dose, tant chez les femmes enceintes que chez les femmes allaitantes.
Le taux d’anticorps contenu dans le lait maternel est corrélé avec celui contenu dans le sang de la mère. Le lait maternel contenait un taux élevé d’IgG après la seconde dose du vaccin, conformément à ce qu’indiquaient les analyses sanguines. Il a été établi que les anticorps IgG de la mère étaient également en mesure de traverser le placenta pour atteindre le fœtus. Ce type spécifique d’anticorps était présent dans le sang du cordon ombilical des dix prélèvements recueillis. Les chercheurs ont également fait une découverte intéressante : les anticorps transférés de la mère au fœtus par le placenta augmentaient considérablement au fil du temps après la seconde dose.
Les auteurs de cette étude concluent que les vaccins à ARNm contre la COVID-19 produisent des taux d’anticorps semblables chez les femmes enceintes ou allaitantes et dans la population non enceinte. Cependant, cette étude ne contenait pas d’information sur les risques pour le fœtus. C’est pourquoi il faudra colliger plus d’information sur le sujet.
Gray KJ, Bordt EA, Atyeo C, Deriso E, Akinwunmi B, Young N, Medina Baez A, Shook LL, Cvrk D, James K, De Guzman R, Brigida S, Diouf K, Goldfarb I, Bebell LM, Yonker LM, Fasano A, Rabi SA, Elovitz MA, Alter G, Edlow AG, COVID-19 vaccine response in pregnant and lactating women: a cohort study. Am J Obstet Gynecol (2021). doi:10.1016/j.ajog.2021.03.023.