Par Varun Anipindi
La souche de Wuhan originale du SRAS-CoV-2 évolue constamment depuis le début de la pandémie de COVID-19. Comme le font de nombreux virus, le SRAS-CoV-2 se réplique à de multiples reprises dans la population hôte. Pendant ce processus de réplication, les nouvelles copies du génome viral sont vérifiées par un correcteur autoencodé qui recherche les mutations et les modifications du génome viral. Cependant, l’ampleur même de la réplication virale au sein de la population hôte, conjointement avec les mécanismes de correction enclins à l’erreur, favorise l’évolution constante des variants viraux. Même si la plupart des mutations n’ont aucune pertinence, il arrive que certaines souches mutantes possèdent des caractéristiques renforcées qui leur permettent de triompher sur les autres.
Dans une récente analyse de JA Plante et coll., les auteurs ont abordé certains facteurs qui stimulent l’émergence de variants inquiétants (ou VOC, selon l’acronyme anglais)1. Ils ont mis en évidence quatre grands facteurs : 1) les mutations qui améliorent la réplication ou la transmission, 2) les mutations qui peuvent renforcer l’interaction virale avec le mécanisme cellulaire après la pénétration chez l’hôte, 3) la pression sélective responsable de l’élimination graduelle d’autres variants, si bien que seuls ceux en mesure d’échapper à l’immunité subsistent, et 4) les modifications graduelles et additives découlant de dérives génétiques induites par de multiples mutations singulières qui n’auront peut-être pas d’effet immédiat sur l’infection ou la transmission. Les auteurs fournissent d’autres aperçus utiles aux équipes qui s’efforcent de résoudre les préoccupations liées à ces VOC du SRAS-CoV-2.
Lisez l’article, en anglais, ici.
Les variants B.1.1.7, B1.351 et P1/P2 du SARS-CoV-2 qui proviennent du Royaume-Uni, de l’Afrique du Sud et du Brésil, respectivement, ont récemment été dépistés dans de nombreux autres pays. Une transmission et une virulence accrues, conjointement avec des modifications aux régions S1 ou au domaine de liaison aux récepteurs (RBD) de la protéine spiculaire, qui peuvent être responsables de l’évasion immunitaire de divers anticorps monoclonaux actuellement approuvés pour traiter les graves cas de COVID-19, sont les principales caractéristiques de ces VOC. Deux groupes de recherche (MK Annavajhala et coll.2 et E Lasek-Nesselquist et coll.3) étudient ces variants à New York et s’intéressent tout particulièrement à deux mutations clés (E848K et N501Y) dans les séquences virales des personnes infectées. Ce qui en a émergé, c’est l’identification d’un tout nouveau variant comptant une substitution supplémentaire du D235G sur la lignée B.1.526, qui se propage rapidement dans la région métropolitaine de New York. Il s’agit de résultats préliminaires, mais les chercheurs ont constaté que ce variant (B.1.526) était près de 26 fois plus présent au bout d’un mois et avait tendance à accroître le nombre d’hospitalisations chez les patients plus âgés, tout en nuisant à l’efficacité des traitements à base d’anticorps monoclonaux utilisés pour traiter les cas graves.
Lisez les prépublications de MK Annavajhala et coll. et d’E Lasek-Nesselquist et coll., en anglais.
Bien que l’émergence de ces VOC pose de nouveaux défis pour l’ensemble de traitements à base d’anticorps monoclonaux et de plasma convalescent, les chercheurs travaillent activement à la prochaine génération de traitements aux anticorps qui pourront s’attaquer à ces variants. Des résultats prometteurs de Wang et coll. démontrent que quatre clones d’anticorps particuliers, isolés à partir du plasma convalescent de trois donneurs d’une éclosion précoce par un VOC, ciblent le RBD (domaine de liaison au récepteur) et démontrent une activité de neutralisation ultrapuissante contre près de 12 VOC distincts, y compris les souches B.1.1.7 et B1.351 hautement virulentes4. D’autres travaux s’imposent pour déterminer l’efficacité fonctionnelle de ces clones comme traitements potentiels, mais d’après ces résultats préliminaires, ces clones d’anticorps utilisés conjointement représentent un traitement viable et prometteur contre les VOC émergents.
Lisez la prépublication ici, en anglais.
La lutte à l’émergence des variants demeure une cible mouvante, à la fois pour les chercheurs et les professionnels de la santé publique. Le même processus de sélection naturelle qui a présidé à l’évolution de la vie sur Terre est également responsable de l’émergence de variants qui pourraient échapper aux stratégies d’atténuation de la COVID-19. Il est toutefois encourageant de constater que des chercheurs talentueux du monde entier s’emploient à relever ce défi et à mettre au point des thérapies pour mettre un terme à la pandémie.