Ce texte, rédigé par des membres du secrétariat du GTIC, résume l’article suivant :
Djaïleb A, Parker MF, Lavallée E, Stuible M, Durocher Y, Thériault M, Santerre K, Gilbert C, Boudreau D, Baz M, Masson JF, Langlois MA, Trottier S, Quaglia D, Pelletier JN. Longitudinal study on and immune response to SARS-CoV-2 in a population of food and retail workers through transformation of ELISA datasets. medRxiv. Le 29 janvier 2024. doi : 10.1101/2024.01.27.24301877.
Les résultats ou les conclusions contenus dans l’étude ne reflètent pas nécessairement les points de vue de tous les membres du GTIC.
Selon une étude financée par le GTIC parue en prépublication et qui n’a pas encore été révisée par un comité de lecture, les chercheurs ont recueilli les données longitudinales sur l’immunité humorale pendant un an et demi auprès de travailleurs de l’alimentation et de la vente au détail pendant des périodes clés de la pandémie, y compris les campagnes de vaccination initiales et l’émergence du variant Omicron. Ils ont constaté des taux marqués de séroconversion (que ce soit à cause de l’infection ou grâce à la vaccination) chez les personnes occupant les quatre métiers à l’étude, mais pas de taux d’anticorps considérablement plus élevés attribuables à la vaccination ou à l’infection dans l’un ou l’autre groupe. Cette étude était dirigée par Abdelhadi Djaïleb et la Pre Joelle N. Pelletier, tous deux de l’Université de Montréal, en collaboration avec le Pr Denis Boudreau, de l’Université Laval, et le Pr Marc-André Langlois, de l’Université d’Ottawa.
Les chercheurs ont recruté 304 travailleurs de l’alimentation et de la vente au détail du Québec (bars, restaurants, épiceries et quincailleries). Entre avril 2021 et octobre 2022, les participants ont assisté à cinq rendez-vous prévus à intervalles réguliers au cours desquels ils ont remis des échantillons de sang, de l’information sur leurs facteurs de risque de SRAS-CoV-2, leurs symptômes, les résultats de leurs tests antigéniques ou PCR et leur situation vaccinale, de même que de l’information sur leurs facteurs de risque (démographiques, socioéconomiques, comportementaux, cliniques et professionnels).
Les chercheurs ont fait analyser les échantillons par « dosage ELISA centralisé » à l’Université d’Ottawa et par « dosage ELISA maison » à l’Université de Montréal. Le Conseil national de recherches du Canada a fourni les antigènes contre le SRAS-CoV-2 des trois souches (sauvage, Delta et Omicron) nécessaires pour effectuer les dosages ELISA. Les deux dosages mesuraient les taux d’anticorps contre la souche sauvage du SRAS-CoV-2 pour déterminer la séroconversion conférée par la vaccination ou acquise par l’infection. Le dosage maison évaluait aussi la transréactivité contre les variants Delta et Omicron.
L’intégration d’un modèle mathématique récent a permis de transformer l’ensemble de données du dosage ELISA. Il est ainsi devenu possible de normaliser les données et d’en faire l’analyse statistique au moyen de l’analyse de variance de Welch, qui ne peut être appliquée qu’aux données normalement distribuées.
Faits saillants
- Il n’y avait pas de différence statistique globale des taux d’anticorps et des réponses humorales entre les personnes occupant les divers métiers inclus dans l’étude.
- Cependant, les taux d’anticorps induits par la vaccination étaient statistiquement plus élevés chez les travailleurs de la restauration lors du premier rendez-vous (mi-juillet 2021) et à la fois chez les travailleurs de la restauration et des quincailleries lors du deuxième rendez-vous (fin d’octobre 2021) que chez les travailleurs des bars et des épiceries.
- Les taux antispiculaires ont atteint un sommet en juillet-août 2021 et entre février et juillet 2022, ce qui reflétait probablement les forts taux de vaccination qui coïncident avec les campagnes de vaccination de masse.
- Avant l’apparition du variant Omicron, les réponses des anticorps antispiculaires étaient les mêmes contre les souches Delta et sauvage, ce qui confirme l’efficacité de la transréactivité démontrée par des études antérieures.
- La transréactivité du variant Omicron pour les IgG antispiculaires était plus faible.
- D’après les facteurs de risque supplémentaires analysés, le seul résultat important était une réponse IgG antispiculaire au virus sauvage plus élevée chez les non-fumeurs que chez les fumeurs.
Cette étude est l’une des rares à inclure une cohorte de personnes hautement vaccinées sans graves troubles de santé préexistants et qui n’avaient pas été hospitalisées à cause de la COVID-19 et à rendre compte de données longitudinales à partir des échantillons auprès des mêmes personnes au cours d’une longue période.