Ce texte, rédigé par des membres du secrétariat du GTIC, résume l’article suivant :
Grant MD, Bentley K, Fielding CA, Hatfield KM, Ings DP, Harnum D, Wang E, Stanton R, Holder KA. Anti-S1 and S2 antibodies from hybrid immunity elicit potent cross-variant ADCC against SARS-CoV-2. JCI Insight. Le 20 juin 2023. doi : https://doi.org/10.1172/jci.insight.170681.
Les résultats ou les conclusions contenus dans l’étude ne reflètent pas nécessairement les points de vue de tous les membres du GTIC.
Les résultats d’une étude financée par le GTIC, publiés dans la revue JCI Insight, ont démontré que l’immunité hybride (découlant à la fois d’une infection et de la vaccination) confère une meilleure protection contre la propagation du SRAS-CoV-2 de cellule à cellule que la seule vaccination. C’est peut-être la raison pour laquelle l’immunité hybride assure une meilleure protection contre les réinfections que la vaccination seule. L’étude a été dirigée par le Dr Kayla Holder (Université Memorial de Terre-Neuve) en collaboration avec le Dr Michael Grant (Université Memorial de Terre-Neuve) et le Pr Richard Stanton (Université de Cardiff). D’après ces résultats, ces chercheurs avancent que les vaccins contre la COVID-19 ne devraient pas cibler seulement les réponses des anticorps anti-RBD, mais plutôt une combinaison des réponses des anticorps spécifiques aux domaines S1 et S2 des protéines spiculaires.
Les vaccins actuels contre la COVID-19 induisent avec une grande efficacité de puissants anticorps neutralisants qui empêchent le SRAS-CoV-2 en circulation de pénétrer dans les cellules non infectées, ce qui est essentiel pour réduire la réplication virale. D’autres types d’anticorps contribuent à déjouer la transmission de cellule à cellule. Ces anticorps reconnaissent les cellules infectées par les marqueurs viraux présents à leur surface et recrutent d’autres cellules du système immunitaire, telles que les cellules tueuses naturelles (cellules NK), afin de tuer les cellules infectées par un mécanisme du nom de cytotoxicité à médiation cellulaire dépendante des anticorps (CCDA). La CCDA est fondamentale au contrôle du virus.
Faits saillants
- Les anticorps induits par les vaccins contre la COVID-19 procurent une faible CCDA. Parmi les raisons qui expliquent ce phénomène, soulignons que la vaccination induit surtout des anticorps qui ciblent le domaine S1 de la protéine spiculaire.
- Les anticorps prélevés chez des personnes possédant une immunité hybride produisaient une cytotoxicité beaucoup plus marquée. Notamment, l’infection favorisait la production d’anticorps contre le domaine S2 de la protéine spiculaire. Ainsi, l’immunité hybride stimulait les réponses des anticorps à la fois contre les domaines S1 et S2.
- La capacité de l’immunité hybride à tuer les cellules infectées par la CCDA s’est maintenue contre les nouveaux variants préoccupants, y compris les variants Delta et Omicron qui, on le sait, échappent aux anticorps neutralisants.
La plupart des vaccins contre la COVID-19 utilisés aujourd’hui reposent sur la protéine spiculaire (S) originale du SRAS-CoV-2, induisant ainsi la production d’anticorps anti-S. Notamment, les chercheurs se sont penchés sur l’induction d’anticorps ciblant le domaine de liaison du récepteur (RBD) contenus dans la protéine spiculaire du domaine S1. Les anticorps anti-RBD ainsi induits par les vaccins sont en mesure de neutraliser les virus acellulaires en les empêchant d’infecter les cellules. Cependant, de nouveaux variants du SRAS-CoV-2 ont pu échapper à l’activité neutralisante des anticorps induits par les vaccins en réduisant leur capacité de liaison. Selon cette étude, les vaccins à sous-unités protéiques (provenant seulement du spicule) profiteraient de stratégies visant à induire une combinaison de réponses des anticorps spécifiques aux domaines S1 et S2.